Dans notre collège c'est sûr, y'en a qui font latin,
Ou bien des maths, et par nature, y'en a qui ne font rien.
Y'en a qui restent fort sages, d'autres qui sont trés mauvais,
Moi mesdames messieurs, mon ouvrage c'est de latiniser.
Pour le latin, j'me vante, ma foi,
Y'en a pas deux, pas deux comme moi.
Je suis professeur de latin.
Au collège du soir au matin.
Jules César c'est tout mon bonheur,
J'suis pas pour la journée d'huit heures,
Et les heures sup, elles ne me font pas peur.
Je suis professeur de latin,
Et pour Virgile, j'ai le béguin,
Quand le soir on m' voit pas rentrer,
On dit "y-a pas à s'inquiéter,
Elle est en train d'latiniser".
Quand j'entrais en quatrième, c'fut une révélation,
Dés l'commencement j'me suis senti, une trés grande vocation,
La première fois comme d'usage, j'fis d'la grammaire un peu,
Mais quand j'eu appris à traduire, je m'y mis avec feu.
A la version, je prenais goût,
J'voulais traduire un point c'est tout.
Je suis professeur de latin,
Au collège du soir au matin,
Je fais mes versions comme il faut,
et je traduis même en auto,
Et même une fois j'ai stancé en vélo !
Ah quelle ardeur, ah quel entrain !
L'inspecteur qui est venu c'matin
M'a dit: "vous êtes un Cicéro,
Mais Madame, il faut prendre du r'pos".
il a trouvé que j'en f'sais trop.
